
Récemment à la Coop, j'ai remarqué à la caisse un concours permettant de gagner des séjours dans un hôtel bio. Je m'extasie sur l'existence d'hôtel "bio", puis, je fronce les sourcils sur l'argumentation du dépliant critiquant le mauvais écobilan des emballages biodégradables et faisant l'apologie des emballages traditionnels pour prolonger la fraîcheur et donc la vie des aliments à vendre.
Selon Coop, les emballages biodégradables sont mauvais pour l'environnement et la population
Les nouveaux emballages biodégradables ne sont pas toujours à la hauteur de leur réputation: leur écobilan est souvent plus mauvais que celui des emballages en plastique conventionnel. A l'heure actuelle, Coop renonce donc sciemment aux emballages fabriqués avec des aliments, par exemple l'amidon de froment ou le maïs, afin de ne pas accentuer la pénurie alimentaire mondiale et faire augmenter le prix des denrées dans les pays du tiers-monde. A noter que les emballages biodégradables sont fabriqués à partir de plantes modifiées génétiquement, issues de monocultures intensives."
Selon BioApply, Coop se trompe
- Moi : [Qu'en est-il de l'] écobilan des sacs biodégradables souvent plus mauvais que les plastiques conventionnels ?
BioApply : Ce point n’est argumenté d’aucune étude. J’avais d’ailleurs demandé à l’époque les sources mais sans succès. Les études les plus récentes attestent du contraire.
- Moi : La matière première [des sacs biodégradables est l'] amidon de maïs => contribution à la pénurie alimentaire et augmentation des prix des aliments dans les pays du tiers-monde ?
BioApply : Un argument facile mais qui n’est pas pertinent. Les sacs sont issus de l’agriculture européenne non destinée à la consommation humaine. Garantis sans OGM. Les fluctuations des cours de matières premières dont le maïs sont en corrélation avec la spéculation financière et avec la demande croissante de la classe moyenne émergente en Inde et en Chine notamment. Alors que le secteur des bioplastiques a continué de croître de +30% par an ces dernières années, les cours de matières premières ont chuté. Donc, pas voire peu de corrélation entre les cours et les bioplastiques. Enfin, même si ce n’est pas le but recherché, si tous les sacs plastiques de la zone Euro étaient remplacés par des sacs biodégradables du jour au lendemain, cela demanderait moins de 5% de la production agricole européenne. Par la mise en place des sacs biodégradables, le but est aussi de promouvoir les sacs bio réutilisables ou les sacs payants afin de réduire drastiquement les volumes.
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Moi : [Les sacs biodégradables sont] à base d'OGM généralement ?
BioApply : Les bioplastiques US sont généralement à base d’OGM, pas les nôtres.
Les dernières études sérieuses sur l'écobilan des sacs de caisse

Dans mon élan intrépide, je demande à BioApply de me fournir les fameuses études récentes sur la question de l'écobilan des sacs plastiques, papier, biodégradables etc. Et j'ai été servie : un rapport de plus de 40 pages avec une marche à suivre rigoureuse, et différents scénarios de réutilisation. En résumé, ce rapport contient :
- une définition du champ d'études (quels sacs, quelles quantités de sacs pour atteindre un même objectif - transporter 9000 litres de marchandises),
- des découpages en sous-systèmes (production des matières premières, fabrication, transport, utilisation, fin de vie),
- des hypothèses de calcul (masse, distance de transport, etc.),
- des résultats par critères écologiques (consommation d'énergie, d'eau, émissions de gaz à effet de serre, acidification atmosphérique, eutrophisation etc).
Et qu'en pensent les autres ?
- les sacs plastiques sont pratiquement tous réutilisables, c'est au consommateur d'agir (c'est vrai, mais ça fait pas de mal si on nous y aidait un peu des fois),
- les sacs plastiques ne portent que peu atteinte au paysage suisse car nous avons un système d'élimination des déchets efficace (et apparemment, nous ne volons pas notre réputation de pays "propre" grâce à ses citoyens bien élevés),
- "l'énergie libérée par la combustion de déchets est utilisée pour produire de l'électricité et de la chaleur" et "la fumée générée par la combustion est filtrée de manière efficace: les émissions sont donc minimes",
- il y a d'autres priorités écologiques comme l'isolation des bâtiments.
Mes conseils
- Achetez des sacs de commission de bonne qualité réutilisables en bonne quantité ;
- Déposez 2-3 de ces sacs dans des endroits stratégiques comme : votre habitation, votre voiture, votre lieu de travail, votre sac à main ;
- Faites-vous plaisir et procurez-vous ces jolis sacs ou chariots à commission que vous pourrez réutiliser jusqu'à plus soif (je dis ça, mais je n'ai pas testé leur solidité et leur durée de vie) ;
- Pensez à prévenir la caissière d'une boutique que vous ne souhaitez pas de sac : exprimez-le au moment où elle prend votre marchandise, car après, le temps que vous cherchiez votre monnaie et voilà qu'elle vous tend déjà vos achats dans un beau sac tout neuf qui va rejoindre ses petits jumeaux dans votre réserve de sacs (les vendeuses sont extrêmement prestes, j'ai tendance à l'oublier) ;
- Gardez toujours vos petits sacs plastiques pour une n-ième reconversion : sac pour petites emplettes, sac pour transporter le pique-nique, sac poubelle ;
- Au rayon fruits et légumes, vous pouvez utiliser un sac plastique pour mettre plusieurs fruits ou légumes différents, il suffit de peser à part d'y et coller toutes les étiquettes (et même en faisant ça, j'ai encore une bonne réserve de sacs pour nos différentes mini-poubelles) ;
- Si vous avez un compost pas trop loin de chez vous (mais pas trop près non plus, selon le vent, ça fouette les narines), profitez pour y déposer vos sacs biodégradables ;
- Faites attention aux sacs "fragmentables" (interdits en Suisse mais disponibles en France ou en Espagne) : ce sont des sacs en plastique traditionnel qui se désagrègent en une nuée de particules toxiques (il faut vraiment avoir un grain pour inventer un truc pareil), pour être sûr, vérifiez que votre sac comporte bien le label OK Compost ou Din Certco.
Pour en savoir plus
- Le sac le moins polluant est celui qu'on réutilise (article 24heures)
- Sac plastique vs sac en papier
- Matériaux polymères biodégradables et applications (pour les courageux : rapport de 16 pages)
- Evaluation des impacts environnementaux des sacs de caisse Carrefour (pour les passionnés : rapport de 119 pages) mais heureusement, j'ai trouvé pour vous un résumé de 2 pages
Les arguments de Bioapply n'arrivent pas vraiment à me convaincre. Dans le résumé de l'étude de l'ADEME pour Carrefour on peut lire texto: "Le sac PE jetable se situe donc plutôt mieux que les sacs papier et biodégradable sur la plupart des indicateurs, sauf pour le risque par abandon qui est la principale faiblesse de ce sac (surtout en zones littorales, proches du milieu marin)". Chez nous, le dernier point ne joue pas de rôle. Donc en fait, les magasins qui maintiennent les sacs non biodégradables n'ont pas si tord. Il s'ajoute que probablement chez nous, très peu de ces sacs finissent vraiment au composte mais plutôt à l'usine d'incinération.
Le fait que Bioapply reçoit autant d'attention des médias me parait confirmer que l'argument "vert" est très bon pour le chiffre d'affaire. Que ce soit vraiment écologique ou non, c'est une autre question. Malheureusement.
Le sac (ou un panier) réutilisable reste donc la meilleure façon de faire...
Effectivement, les compostières chez nous n'acceptent pas les couverts et sacs biodégradables car leur dégradabilité est plus lente que celle des fruits et légumes.
A propos de l'écobilan des sacs bioapply, une étude comparative a été faite à Lausanne et on m'a dit qu'ils n'étaient pas meilleurs que les autres.
Il y a aura toujours les opposants systematiques a l'innovation et au progres, les eternels sceptiques...
Toujours est-il que des societes resolument pionnieres en matiere de developpement durable, comme Switcher, Solar Impulse, LeShop ont choisis le sac biodegradable.
Les dernieres etudes Npackt (NiederOesterreich 2008) ou encore ADEME (2007) positionnent le sac biodegradable en position favorable devant tout autre support.
Savez vous que les entreprises passant au sac biodegradable reduisent entre 10 et 80% leur volumes de sacs distribues ?
Les sacs sont desormais disponibles en deux qualites, OK Compost, adaptes pour le compost industriel, et Home Compost, adapte pour le simple compost de maison. Les compostieres doivent savoir distinguer des sacs certifies de simple sacs pretenduement biodegradables.
Quant a cette prentendue etude de Lausanne, il serait interessant de pouvoir y acceder.
Plus d'infos sur http://www.bioapply.com
Cher Mike, pourriez-vous nous expliquer comment les entreprises qui utilisent les sacs biodégradables réduisent les volumes de sacs distribués ? Est-ce parce que le volume d'un sac biodégradable est moindre que celui d'un sac classique équivalent ? Est-ce que c'est parce que le sac biodégradable coûte plus cher et qu'elles ont donc une politique de distribution plus économe (par ex. le client doit demander un sac pour l'obtenir) ?
Vous dites que les compostières doivent savoir distinguer les sacs biodégradables des autres. Voulez-vous dire par là qu'il faut du personnel ou un mécanisme pour trier les déchets dans la compostière ?
Pour l'étude comparative des matériaux (carton, plastique, biodégradable etc.) faite à Lausanne, je leur ai demandé si elle pouvait être rendue publique, et malheureusement la réponse a été négative. Ce que je peux dire pour l'écobilan, c'est qu'ils recommandent l'utilisation de l'assiette en carton recyclé devant le plastique (biodégradable ou non), et l'utilisation de couverts, sacs ou autres fabriqués avec les matières premières provenant du lieu le plus proche de leur utilisation. Le meilleur écobilan reste bien sûr pour les objets réutilisables et réutilisés.
Exemple de compostiere moderne aceptant les sacs biodegradables: Germanier SA, Vaud
La vaisselle compostable d'ailleurs devient graduellement obligatoire...
Cher Frédéric, c'est très bien si Germanier accepte les sacs biodégradables. Mais d'un point de vue "utilisateur", je reste perplexe quant à la procédure à suivre. Je n'ai moi-même pas de jardin et donc de compost à la maison. Si je jette un sac biodégradable, comment puis-je faire pour qu'il atterrise chez Germanier ? Car si je le mets dans une benne à compost quelconque, il sera considéré comme persona non grata, ayant une biodégrabilité plus lente que les produits "verts". Le mieux m'a-t-on dit est encore de le mettre dans les ordures ménagères. Et dans ce cas : l'écobilan des sacs biodégradables est-il toujours meilleurs que les sacs ordinaires ?
Pour ce qui est de la vaisselle compostable, pourriez-vous me dire où exactement elle devient obligatoire ? Car à Lausanne, ce n'est pas du tout d'actualité.
Bonjour,
Très bel article et beau travail de recherche accompli.
Je souhaiterai pouvoir m'entretenir avec vous car nous avons un petit projet (qui n'est pas encore bien ficelé, je dois avouer...) à l'EPFL et aimerions mettre en place certaines mesures de changements pour l'environnement afin que les citoyens/étudiants lambda modifient leur comportement de tout les jours sur des petits détails. Vos recherches et connaissances pourraient nous être d'une grande aide!
Cordiales salutations
Avec grand plaisir si je peux aider ! Il suffit de répondre au mail que je vous ai envoyé.